[T@ïga] I may never leave this place.
Hey Oscar do you hear me ?
Salle des pas perdus, un regard vague, comme dans mes cheveux, et une certitude, celle que mes pieds touchent terre, sinon aucune.
Je garde mon mp3 sur les oreilles, j'suis une malade.
Alors cette journée à Paris, such a big day.
L'impression d'être seule alors que môm marche 10 métres derrière.
L'impression de faire mes premiers pas au Havre mais en deux fois plus haut.
Et question plan de la ville c'est pas beaucoup plus compliqué... enfin avec une carte des st*rbucks.
En fait, il n'y a une seule différence entre les St*rbucks de San diego et les St*rbucks de Paris : ici, on se fait draguer.
Forcément, en France quand on peut chopper aussi facilement ton prénom... ouais les djeunz, chez starb*ck ils te servent avec ton prénom écrit sur ta commande donc les quarantenaires avides de chair fraîche s'en donnent à coeur joie.
Moi, c'est pas tant que j'aime leurs capuccino translucides, c'est que j'avais besoin de caféine et que c'tait le seul endroit familier pour môm.
Je vais à mon premier rendez vous, les immeubles sont aussi pourrave de l'intérieur que dans ma city à moi, ça fait peur plus que ça rassure, j'entre.
Des stagiaires à la chaîne dans un corridor, so funny, car l'ambiance est détendue et les étagères pleines de bouquins. Maison d'édition numérique, ça m'intéresse pour mon mémoire alors j'ai prévu de jouer le grand jeu sans vendre mon âme à you-know-who. It means : veste de tailleur et sourire.
Sauf que.
"Ah bonjour, oui j'ai votre dossier, alors ça vous intéresse un rendez vous aujourd'hui ?"
"Ah mais mais mais... j'ai déjà un rendez vous aujourd'hui."
Après moults vérifications non. Mais j'en décroche quand même un parce que ma veste de tailleur est trop la clâsse et que mon sourire est aussi rare que l'éclosion des roses d'Atacama.
J'ai le temps d'aller me re-droguer et me faire re-draguer chez Starb*cks, m'intérogeant at the same time sur ce quiproquo, et là je me remémore un autre soir de gare...
...la motivation égarée au coin d'une rue de Rouen, un train en retard de chez pas combien d'heures, un livre tout neuf de Zweig acheté dans la boutique chéros et un appel d'une éditrice qui ne se présente que par son nom. Grand mal lui a pris, le jour même une autre maison m'avait contactée et j'ai assimilé les deux. Fallait pas slapetter plus haut que Slapette slapette. Donc mon rdv de 11 h je l'avais pris avec une maison d'édition à 4 arrondissements d'ici.
-Ptit coup de fil-
"J'pourrais pas venir-problème familial-toussa"
"M'enfin fallait m'appeler à 9 heures pas MAINTENANT, enfin j'ai un AGENDA moi, j'ai des GENS IMPORTANTS à voir."
"Oh. Je dirai à ma grand-mére de mourir une heure plus tard la prochaine fois."
-Raccrochage spontané-
Il ne FAUT PAS slapetter face à moi.
Je retourne à mon rendez vous, tout se passe bien, sauf que j'ai l'impression que les murs se ressérent sur moi quand je jette un coup d'oeil au CV de mes concurrents Bac +4 à 20 ans... ouais. Moi aussi j'pourrais le faire hein. "Russe langue maternelle, allemand, anglais, espagnol, italien : parlés couramment, japonais chinois : bases." Bon, ça non.
Bref j'ai failli sortir les trois phrases en indonésien que je connais et puis non en fait.
J'ai fait "je veux devenir écrivain, mais chut c't'un secret" et la dame a sourit et a dit que j'étais bien tombée ici on aidait les écrivains en peine et on est parties presques copines et n'hésitez pas à aller y faire un tour on tombe sur des pépites parfois : www.manuscrit.com
Je pars de là en me disant qu'il y a peu de chances que je revienne. Parce que je suis pas boursière. Parce que j'ai plus de famille à Versailles. Parce que mon cousin pâtissier est bien sympa mais que j'aurai besoin de son hospitalité l'année prochaine déjà alors faut pas abuser.
Je pars de là en me disant que j'aurai bien envie d'y bosser, mais plus tard.
Je réembarque môm et la méne à travers champs jusqu'au microcosme culturel que je connais un peu, un quartier avec un p'tit théâtre qui paye pas de mine et un musée assez sympa, enfin la comédie Française et le Louvres quoi.
Ma mère avait jamais vu la pyramide. Je l'ai même surprise en plein regardage de si Marie-Madeleine était bien enterrée là.
Je me suis retenue de faire ma japonaise, sauf quand on a traversé les jardins des tuileries et que Rita el Cata m'a suivi sur 10 métres :
J'ai dû lui dire que c'tait pas possib' entre nous, que j'avais déjà un chat hypra jaloux aux même couleurs. J'crois qu'elle a compris.
Ensuite c'est tout droit jusqu'aux Champs. Et après c'est à gauche.
Mais quoi me direz vous ? Quoi donc ? Qu'est ce qui peut faire revenir à la surface Heightsy stressy ? Qu'est ce qui l'obsessionne depuis un an ? Depuis qu'elle balayait son bureau des étudiants adoré et qu'elle était tombée miraculeusement sur une brochure, hein quoi ?
Maisqu'eeeest-ce ?
Bon. Si je vous le dit je vais être obligée de vous tuer. Mais j'peux juste vous dire que c'est pas loin pays Borat. It's naaaaaïce.
C'est une école d'aspirants dominateurs du monde.
(culturel)(du monde culturel)
Deux ans de stages prestigieux, de vernissages, de fayotages avec Pascal Négre Michel Tournier.
Avant tout on m'avait parlé de test. Moi je te traverse un champ de mine en jonglant avec des chiots siamois quand tu veux, mais PAS DE TEST PSYCHOLOGIQUE.
Ca passe pââââs.
En fait il ne s'agissait que d'un test de culture générale, donc pas de problème, paf dans l'actu comme dirait l'autre, sauf que trou noir.
Incapable de citer une seule revue d'Art ou de me souvenir que Gaùdi a construit la Sagrada pourtant Barcelona quoi... M'enfin.
Alors j'ai cité en vrac Barry Flanagan, Zweig, Balzac, Vian, Picabia, Louis XIV, Harpagon, le festival de Gerardmer et même Platon. Ce qui, pour ce dernier quand on me connait, EST vendre mon âme à You-know-who.
Puis l'entretien. Dans lequel on met en avant les points de mon CV que j'aurai bien aimé doucle cadenasser dans la tour de Londres.
"Enquête sociologiiiique ? maiscésupéééér."
"euh. ué."
"Votre questionnaire l'est très blanc tout de même."
"Je préfére me taire que me tromper." *regard de killeuse*
"Mouimouimoui vous avez le profil hein y'a pas de doute, mais euh, vous êtes sûre de vouloir passer à côté de tout ce que pourrai vous apporter une première année ???"
"*sifflote* *JE ME SUIS PAS FAIS CHIER A BOSSER COMME UNE DAMNEE PENDANT DEUX ANS DANS CET IUT DE TORTIONNAIRES ABUSIFS LEURS MERES POUR REPRENDRE TOUT A ZERO PAPY.*Euh... j'ai pris des cours d'histoire de l'Art."
"Ce ne serait pas une question financière à tout hasard ?"
"*oh une mouche qui vole* *quoi on m'a posé une question à moi ?*"
Conclusion : Je pars de là en me disant que je suis sûre d'être admise en premiere année, ça me fait un échapatoire si je redouble mon année de dut à cause que j'ai pas de stage.
Je pars de là en regardant derrière moi des pouffiasses futures promotionées canapé qui fument leur clope sur le parvis. Working girl carnassière moi vraiment ?
Je pars de là en me disant, et si ça valait pas le coup d'endetter ses parents et moi par la même ?
Je pars de là en me disant que ce p'tit stage dans la maison d'édition number ouane de Normandie il me semble bien prometteur et je le remonte au top de ma choice liste. Et je regarde cette école en me disant que Lady Heightsy, à la fin de son bac, avait fait un caprice avec sa prépa hypokhâgne et l'avait snobée à la dernière minute (si, la veille).
Mais, là, il est où l'autre choix ?
J'ai finalement eu mon stage dans la maison d'édition rouennaise et ça déchire sa race grâve.
J'ai eu mon semestre.
et Thibaud a demandé ma main.
Ah, j'vous l'avais pas dit ?
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